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Les voiles : le flèche
Manœuvrer le flèche
Sur le Marche-Avec, le flèche de 14,82 m2 est de couleur bleu ciel et fixé sur une vergue
La voile de flèche, ou pour faire court, « le flèche », c’est cette voile de petit temps qui s’envoie au-dessus de la grand-voile. Le flèche va chercher l’air en hauteur et, dans de bonnes conditions, peut faire gagner un nœud. Aussi, cette voile contribue à l’élégance et à un bel équilibre visuel du gréement du Marche-Avec.
Sur le Marche-Avec, le flèche est de couleur bleu ciel et fixé sur une vergue[i]. Il est rangé dans sa housse grise à plat-pont, à tribord, côté où il est envoyé.
1. Envoyer le flèche
Le flèche s’envoie toujours à tribord, compte tenu de la disposition des manœuvres. Le plus souvent, il est envoyé au vent (tribord amure) mais il peut si cela est nécessaire être envoyé sous le vent de la grand-voile lorsque le bateau est bâbord amure. La procédure est la même, avec l’avantage que la grand-voile masque le flèche pendant qu’il est hissé, mais aussi l’inconvénient sérieux que la vue sur la manœuvre est incomplète, gênée par la courbure de la grand-voile.
Il est possible mais malaisé d’être moins de quatre équipiers pour procéder à la manœuvre. Il faudra en effet un équipier à la drisse, un équipier à l’écoute, un équipier au point d’amure et un équipier en bout d’espar, au point d’écoute.
La procédure à suivre
La housse du flèche est ouverte d’un bout à l’autre.
Le palan d’amure en pied de mât est étiré, puis posé sur le rouf. Il servira dans quelques minutes. L’écoute de flèche dont les extrémités sont fixées au mât [P1] est délovée, le nœud en huit de son extrémité inférieure est défait et cette extrémité de l’écoute est amarrée au point d’écoute du flèche.
La drisse de flèche qui est montée à bâbord sur un palan simple est choquée, de telle sorte que son autre extrémité, frappée à tribord sur une estrope, soit saisie, le mousqueton à son extrémité ouvert, l’estrope rangée au râtelier, et la drisse passée à l’extérieur des haubans puis derrière la bastaque, avant d’être ramenée entre la bôme et les haubans. Pour frapper cette drisse sur la vergue de flèche, il est nécessaire que deux équipiers, un à chaque extrémité de la vergue, soulèvent l’ensemble à hauteur d’épaule, pendant qu’un autre équipier frappe le mousqueton sur la vergue. En effet, la drisse, ne descend pas jusqu’au pont, elle reste en fin de course 1m50 au-dessus du pont.
Le barreur serre le vent et si besoin, choque un peu la grand-voile.
L’équipier responsable de la manœuvre garde à la main le plus longtemps possible le bout prolongeant l’amure du flèche avant de le frapper sur le palan d’amure qu’il avait posé sur le rouf en début de manœuvre. Deux méthodes s’offrent à lui : faire hisser d’abord par l’écoute ou faire hisser d’abord à la drisse. Dans les deux cas, il lui appartiendra de guider la montée de l’espar en dirigeant l’amure, et de faire en sorte que l’espar ne se prenne en particulier ni dans la balancine, ni dans les lazy-jacks. Une fois le flèche hissé au dessus de la grand-voile, la drisse est bordée à bloc, vergue contre poulie [ii], ainsi que l’écoute, le point d’écoute de la voile de flèche touchant presque la poulie en bout de corne.
Reste ensuite à étarquer à fond l’amure, grâce au palan fixé en pied de mât.
Le barreur reprend son cap et le cas échéant borde la grand-voile.
Le mou des différentes manœuvres (drisse, écoute et amure) est lové, la housse du flèche pliée et rangée.
[i] Ce qui n’est pas le cas de toutes les voiles de flèche
[ii] Il faut cependant prendre garde à ne pas engager le mousqueton frappé sur la vergue dans la poulie, seule la chaîne doit y passer jusqu’au dernier maillon (commentaire Loïc)
Photographies de Marie-Claire Gérets
2. Amener le flèche
Le vent a forci, le bateau gîte excessivement, il est grand temps d’amener le flèche, quelle que soit l’amure, bâbord ou tribord.
Le responsable de la manœuvre fait préparer drisse et écoute pour qu’elles filent sans difficulté à la demande, il fait disposer la housse du flèche sur le pont, à tribord. Il choque le palan d’amure, ordonne de laisser filer doucement drisse et écoute et tire vigoureusement le point d’amure vers le bas en contrôlant la descente de l’espar et en limitant ses mouvements.
L’espar arrivé à hauteur d’homme, il le fait mettre à l’épaule par un ou deux équipiers et décroche immédiatement le mousqueton qui relie la drisse à la vergue de flèche. Il fait immédiatement poser le flèche sur le pont, sur sa housse, et ramène la drisse derrière la bastaque, puis à l’extérieur des haubans pour la remettre en place sur son estrope. Il fait alors défaire le nœud au point d’écoute par l’équipier le plus proche et reprendre le mou de drisse par l’équipier à la drisse de flèche, qui, cela fait, tournera la drisse sur son cabillot. L’extrémité de l’écoute de flèche est remise en place et bloquée par un nœud de huit.
La toile est repliée dans la housse, le point d’amure désolidarisé de son palan et élongé dans la housse qui est refermée. Le palan est remis en place, pendu à un taquet au mât, le mou est lové.
A noter que lorsque le flèche est descendu bâbord amure, sous le vent de la grand-voile :
le creux de celle-ci masque en partie la descente du flèche et le responsable de la manœuvre dispose d’une vue d’ensemble moins favorable ;
en outre, l’équipier qui laisse filer la drisse doit veiller à ce que la poulie solidaire de la drisse, qui remonte au fur et à mesure, ne se prenne pas, en raison de la gîte, dans le V formé par les haubans. Faute de quoi la montée de la poulie s’interrompt, la drisse reste bloquée, et le flèche reste suspendu à trois mètres au-dessus du pont. Il faut alors peser sur la drisse pour dégager la poulie, la faire passer à l’extérieur du V formé par les haubans, et continuer à filer la drisse ;
lorsque le choix est possible, on privilégiera par conséquent une descente du flèche lorsque le bateau se trouve tribord amure.
Photographies de Marie-Claire Gérets