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Belle Angèle
Belle Angèle (*)
Les gens de mer gravent leurs marques sur les côtes,
Ils laissent sur les schistes des empreintes de passions d’écume.
L’Océan édite leurs ouvrages au fil des escapades mouvantes,
Les vents tournent à la volée des pages couvertes de traces de marins,
Certaines repérées par des signets couleur de sueur et de sang.
Signets qui sont autant de cordages tenus à force de mains,
Autant de repères glissés pour attraper le temps, maîtriser les houles,
Effleurer les rivages, amadouer les Abers, poursuivre les chenaux de pierres
Et faire traces d’hommes de mer car,
Les gens de mer gravent leurs marques sur les côtes,
impriment leur présence anonyme dans le silence de leurs frères de route
Je te connais sans t’avoir jamais vu
Tu savais - ô combien - partager mes allures sans savoir où j’étais,
Sans connaître mes voiles, mes ports, mes abris.
Tous anonymes les uns aux autres tout en sachant le geste
Des gens de mer qui gravent leurs marques sur les côtes.
Pourquoi nous reste-il toujours la nécessité de poursuivre ?
(*) Au matin du 17 octobre 2017 La Belle Angèle fait fortune de mer à la sortie de l’Aber-Wrac’h.
Son chef de bord, Anthony Meignan y a laissé la vie.
Pour lui, pour les siens, pour son bateau : ces quelques mots.
Bernard.H